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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 21:57

 

Sous le nom de β-bloquant se cache une grande famille de médicaments.

Ce remède est connu sous diverses dénominations pour les traitements des coeurs estropiés. Il se prescrit au départ pour leur venir en aide; insuffisance cardiaque, troubles du rythme, sont censés être corrigés par ce comprimé. Plus ou moins dosé, le bêta bloquant se transforme rapidement en ennemi.

 

À défaut de rendre bêta, l'intitulé de ce condensé dévoile toute sa logique lorsque de la sérénité, il devient le bloquant. Se chnageant en synonyme d'asthénie, ou même d'antipathie, celui qui ne rime plus avec la vie, commence, dès les premiers mois, à présenter ses effets indésirables.

Insomnie, cauchemars, fatigue, vertiges, hypotension... La longueur de cette liste égalise la lourdeur digestive de ce cachet.

 

Les différentes réactions à ce médicament laissent place aux éternelles interogations :Puis-je m'en passer? Est-il réellement bénéfique ? Et surtout, comment vivre avec un traitement qui, quotidiennement, m'affaiblit ?

 

A une qualité de vie incertaine, s'ajoute un assommement permanent dû à ce traitement. Le bêta bloquant est la drogue du cardiaque. Le corps s'habitue à cette proportion tranquillisante tandis que le coeur y devient adepte. Les palpitations constatent d'ailleurs la mesure du manque de l'organe à cette nourriture.

béta bloquants

Ce médicament abandonne les banalités au rang de regrets: le stress, la concentration, la vitalité. L'enthousiasme est desormais remplacé par une lenteur extraordinaire et le sommeil, quant à lui, sombrera dans la peur de l'obscurité.

 

C'est seulement à la nuit tombée que le coeur va s'accélérer face à l''anxiosité, qui nait à l'instant où le mouvement se tait.

Le médicament évolue alors en une prison, séquestrant l'esprit au pire souvenir. Une angoisse se ressent au moment du coucher en guise de bilan ou de questionnement sur l'avenir. Allongé dans l'attente pesante de l'endormissement, l'inconscient se transporte jusqu'au hall du bloc opératoire.

 

Chaque nuit, le bêta bloquant prépare l'intervention. Le contexte de l'hôpital ressurgissant au coeur du moindre songe, le fait de s'endormir s'apparente au phénomène de la mort. Patienter avant une anesthésie ou une nuitée revient à se demander si un jour on va se réveiller.. Puis la crainte de mourir attise finalement l'envie de vivre, même si cela implique d'être dépendant des bêta bloquants.

 


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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 11:11

Il ne s'achève pas une journée sans qu'elle s'accroche à nos pieds. Cette grande lamentation rend las les interlocuteurs de ces victimes. À en croire la contagion des bâillements, la fatigue devient un véritable fléau.

Elle est l'excuse à nos débordements, la justification de nos égarements. Les oublis, mépris et maladies se défendent par l'asthénie. Sur l'autoroute, elle se conduit en criminelle, alors qu'elle est un frein à nos déroutes quotidiennes.   hopital

 

Constituée ennemie publique, on tente d'assassiner la fatigue par des boissons énenergisantes ou pilules revigorantes. Carlorsqu'on se situe au coeur d'une vie à cent à l'heure, être bousculé par l'affaiblissement consacre une patente perte de temps. Pourtant, absorber l'épuisement s'assimile à renier son propre métabolisme.      

 

L'alanguissement, aussi désagréable soit-il, déclenche l'alarme anatomique. Les paupières se fermant au basculement de la tête en avant, les douleurs dans le dos et le grisonnement de notre humeur annoncent la fin de la vitalité intérieure.  

Nous sommes capables de détester la fatigue sans même l'écouter. Dans notre langue, la description de cette situation s'assimile au champ lexical du décès :"Creuvée, abatue, claquée, vidée... Bref, je suis à bout".  

Si nous nous sentons assommés, c'est au contraire pour ne pas sombrer. Grace au lien existant entre la fausse force intellectuel et le surmenage corporel.  

 

Plus qu'un état d'esprit, la fatigue est une habituée des coeurs meurtris. Elle apparait bien plus vite et souvent chez nous, parfois accompagnée de la cyanose ou de la froideur. Intensément ressentie, nos rapports en sont privilégiés. Au final, on ne peut plus s'en passer, sous un air de camé, mais simplement fatigué, nous sommes guidés par l'abstraction sensitive.

En sa présence, plus rien n'existe. La notion d'importance s'abandonne à l'effacement de la patience. Les sentiments se desistent un à un, puis le monde auquel nous appartenons devient un spectacle incompréhensible.

L'inhibition sensorielle renforce alors l'expression du dépérissement. Par cet adynamique recul, la machine imaginative s'enclenche. C'est en effet dans l'essoufflement que se lotit la plus grande force de l'esprit :l'inspiration.

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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 11:45

Si le 22 juin était la journée nationale du don d'organes, elle se dédiait également à un tout autre événement, dont les médias s'emparent avec joie chaque année: les soldes d'été.

  Contrairement à ce que l'on pourrait penser, shopping et cardiopathie ne sont pas incompatibles. Les Mc Café et Brioche Dorée ont d'ailleurs été institués afin que l'on s'y repose entre deux boutiques. Les climatisations, quant à elles, s'utilisent comme alternatives à une insupportable chaleur estivale.

 

Plus que quiconque, les cardiaques sont destinés à s'associer avec la mode.

En effet, la majorité des provinciales doivent  répondre régulièrement à un rendez-vous dans la ville la plus romantique du monde. Idéalement, la date de cette rencontre sera conciliée aux dernières démarques.

Les battements du coeur s'accélèrent sur le quai de la gare Montparnasse, à l'image des mouvements  de foule privés de régularité. L'écrasement des gens pressés étouffe les respirations troublées. Notre coeur chérit Paris car leurs circulations internes sont autant insensées. Malgré les permanentes perturbations ou malformations, la ville et l'organe demeurent les moteurs d'une vie infinie. L'attraction subsistante de la capitale dysharmonique s'assimile à la fascination du coeur dystrophique.

 

 

love_in_paris_poster-p228027959523553283ovqc_400.jpgAprès de brillantes affaires, d'achats à moitié prix guidés par notre demi coeur, l'entrevue se précise. Il s'agit de la personne que nous fréquentons depuis de nombreuses années désormais, à qui nous parlons à coeur ouvert. 

Peu importe si l'homme de notre vie reste notre cardiologue, et que le seul être capable de nous faire palpiter est un rythmologue réputé. C'est le modèle de la femme moderne; nul besoin du sexe opposé afin de se sentir exister.

Un pas rapide suffit pour ressentir l'ardeur d'un coeur épris. Cet instrument ne s'emballe pas uniquement à la sensation d'un fort sentiment, mais aussi à la suite d'un grand effort.

 

 

 

  Ainsi se résume l'itinéraire d'un coeur perdu. Confus parmi l'appréciation des émotions, entre l'absence de stress dû aux béta bloquants et la fausse motivation des stimulants. Disparu à travers le contraste des constructions, entre l'abondance des marchandises devenues accessibles et l'immensité mensongère des centres hospitaliers.

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 14:29

Le souhait le plus cher de l'humanité est de trouver quelqu'un qui l'empêchera de s'engouffrer dans la tristesse de ce monde. La solitude nous ramène sur la voie de la raison; le chemin des cachetons.

Aujourd'hui, la survivance subsiste par les médicaments. Sur internet on prône l'auto médicamentation et le pouvoir des plantes, les prix des génériques et les couleurs des boites à la pharmacie contribuent à la fascination de ces remèdes.

 

Des coupes faims aux diurétiques pour mincir ou des traitements antichutes aux huiles essentielles afin de renforcer nos cheveux abimés, les cachets sont la solution à tous nos problèmes contemporains.

 

On prend des médicaments pour s'endormir, puis en se levant des vitamines en comprimés afin d'affronter cette dure journée. On tombe malade, alors ce sont les anti-inflammatoires que nous ingurgitons. On tombe amoureux, nous avalons des compléments alimentaires dans le but de toujours plaire. Puis les pilules contraceptives. Les anti-stress aident pendant les examens et les cachets accélérateur de bronzage durant l'été.  Ensuite, les antidépresseurs interviennent à la séparation douloureuse. Les stimulants anti-âge débarquent en vu d'une reconquête amoureuse ou d'un renouveau professionnel.

 

On peut prendre de tout quand on a rien. Avec la maladie apparait  un sentiment de dégout envers ces pilules faussement curatives découlant du traitement strict prescrit.

Les malades s'attristent de se surprendre à ne vivre qu'accrochés à une médicamentation, les personnes en bonne santé le sont pourtant tout autant. Le médicament est la béquille psychique de l'être humain. Sa croyance inconsciente aux miracles et à la guérison berce les existences d'espoirs. Ils anesthésient la douleur, reconstituent les forces anéanties par le fardeau de la maladie, mais atteignent le bon fonctionnement des organes.

 

Sous son voile de réussite, le médicament offre parfois des effets secondaires regrettables. Le scandale du médiator a entériné la super puissance de nos pilules qui sont rapidement devenus des drogues. La vérité c'est que les cachets nous tuent autant qu'ils nous font vivre.

Etre dépendant ou être malheureux, qu'est ce le plus dangeureux?

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 14:35

J'ai une fermeture éclaire. On pense que je suis étourdie, que je ne prends pas soin de mes affaires ou qu'elles sont victimes de trop de maladresse. En réalité, elles sont très bien rangées. Leur cachette est simplement gardée secrète. Y sont enfouis des tas de babioles, un portable, un trousseau de clés, quelques mots d'espoirs et un coeur. Toutes ces choses que je n'ai jamais perdues se renferment en moi. Non, jamais mon portable n'a glissé, mon trousseau de clé n'est tombé ou mon coeur s'est amputé. A l'ouverture de ma fermeture (car le but premier d'une fermeture est d'être ouverte et non fermée), nous les avons retrouvés. Mon portable a vibré, mes clés ont brillés et mon coeur s'est réparé.

 

J'ai une plaie. On pense que je suis boutonneuse, que je ne prends pas soin de ma peau ou qu'elle est victime d'une maladie intraitable. En réalité, elle est saine. Mon décolleté est orné d'un collier de grand couturier, chirurgien cardiaque à ses heures perdues. Cette marque indélébile n'est pas le signe d'un mal être, mais d'un atout esthétique. Dans la rue, elle intrigue les regards fixes, dégoûte les sourcils froncés et interpelle les visages déroutés. Beaucoup d'yeux m'ont demandés ce qu'était cette chose, peu de bouches l'ont fait.


J'ai une cicatrice. On pense que je suis tout à fait banale, que ma santé est bonne et qu'elle l'a toujours été. En réalité, cette entaille nous rappelle à tous à quel point les apparences sont trompeuses. Elle est un frein au masque de mon existence d'une excessive normalité, la preuve de mon vécu, soit l'extraordinaire de mon ordinaire. Objet de nombreux complexes, l'acceptation de cette ligne boursouflée est aussi longue et douloureuse que le chemin de la guérison. Lorsque notre reflet s'observe dans la glace, à travers cette blessure resurgissent toutes celles qui sont imperceptibles. La cicatrisation est la concrétisation de nos afflictions.


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 " Les blessures se cicatrisent, mais les cicatrices continuent de grandir avec nous". Stanislaw Jerzy Lec.

 

  <-  "Cicatrice version cabaret", Merci à Marie pour la photo.

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