Sous le nom de β-bloquant se cache une grande famille de médicaments.
Ce remède est connu sous diverses dénominations pour les traitements des coeurs estropiés. Il se prescrit au départ pour leur venir en aide; insuffisance cardiaque, troubles du rythme, sont censés être corrigés par ce comprimé. Plus ou moins dosé, le bêta bloquant se transforme rapidement en ennemi.
À défaut de rendre bêta, l'intitulé de ce condensé dévoile toute sa logique lorsque de la sérénité, il devient le bloquant. Se chnageant en synonyme d'asthénie, ou même d'antipathie, celui qui ne rime plus avec la vie, commence, dès les premiers mois, à présenter ses effets indésirables.
Insomnie, cauchemars, fatigue, vertiges, hypotension... La longueur de cette liste égalise la lourdeur digestive de ce cachet.
Les différentes réactions à ce médicament laissent place aux éternelles interogations :Puis-je m'en passer? Est-il réellement bénéfique ? Et surtout, comment vivre avec un traitement qui, quotidiennement, m'affaiblit ?
A une qualité de vie incertaine, s'ajoute un assommement permanent dû à ce traitement. Le bêta bloquant est la drogue du cardiaque. Le corps s'habitue à cette proportion tranquillisante tandis que le coeur y devient adepte. Les palpitations constatent d'ailleurs la mesure du manque de l'organe à cette nourriture.
Ce médicament abandonne les banalités au rang de regrets: le stress, la concentration, la vitalité. L'enthousiasme est desormais remplacé par une lenteur extraordinaire et le sommeil, quant à lui, sombrera dans la peur de l'obscurité.
C'est seulement à la nuit tombée que le coeur va s'accélérer face à l''anxiosité, qui nait à l'instant où le mouvement se tait.
Le médicament évolue alors en une prison, séquestrant l'esprit au pire souvenir. Une angoisse se ressent au moment du coucher en guise de bilan ou de questionnement sur l'avenir. Allongé dans l'attente pesante de l'endormissement, l'inconscient se transporte jusqu'au hall du bloc opératoire.
Chaque nuit, le bêta bloquant prépare l'intervention. Le contexte de l'hôpital ressurgissant au coeur du moindre songe, le fait de s'endormir s'apparente au phénomène de la mort. Patienter avant une anesthésie ou une nuitée revient à se demander si un jour on va se réveiller.. Puis la crainte de mourir attise finalement l'envie de vivre, même si cela implique d'être dépendant des bêta bloquants.